La situation juridique des dissidents politiques kazakhstanais réfugiés en Europe et dont l’extradition vers le Kazakhstan a été refusée par les pays européens
Le 7 juillet 2011, Moukhtar Abliazov a obtenu l’asile politique au Royaume-Uni.
En 2011 et 2014, la Suisse a rejeté deux demandes d’extradition de Viktor Khrapunov déposées par le Kazakhstan. Les membres de la famille Khrapunov disposent d’un permis de séjour en Suisse.
En 2011, les autorités du Kazakhstan ont déposé une demande d’entraide judiciaire auprès des autorités suisses dans le cadre de l’enquête pénale en cours au Kazakhstan.
Dans le cadre de sa coopération avec le Kazakhstan, l’Ukraine a également adressé à la Suisse une demande d’extradition d’Illiyas Khrapunov.
Le Kazakhstan a également lancé des procès au civil au Royaume-Uni contre Illiyas Khrapunov.
Le 9 décembre 2012, Mouratbek Ketebaev, un proche de Moukhtar Abliazov, a obtenu le statut de réfugié en Pologne. La demande kazakhstanaise d’extradition de M. Ketebaev adressée aux autorités polonaises a été rejetée.
Le 31 mai 2013, Alma Chalabaeva, l’épouse de Moukhtar Abliazov, et leur fille Aloua, ont été illégalement emmenées d’Italie au Kazakhstan dans un avion privé affrété par le gouvernement de la République du Kazakhstan, sans documents officiels. Cette opération a été montée par le ministère de l’Intérieur et les services spéciaux kazakhstanais.
Le 18 juillet 2013, du fait de la mobilisation des forces politiques italiennes, le Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU a conclu à la violation des droits d’Alma Chalabaeva.
Le 31 juillet 2013, les forces spéciales françaises ont arrêté près de Cannes l’ex-propriétaire de la Banque Touran Alem (BTA) Moukhtar Abliazov, principal adversaire politique du président de la République du Kazakhstan N. Nazarbaev.
Le 11 septembre 2013, les autorités belges ont accordé l’asile politique à Botagoz Jardemali, un collègue de l’ex-banquier et opposant politique Moukhtar Abliazov.
Le 27 décembre 2013, grâce aux efforts de plusieurs avocats engagés par Illiyas Khrapunov, Alma Chalabaeva, épouse de l’opposant politique Moukhtar Abliazov, qui avait été kidnappée en Italie par les services spéciaux kazakhstanais, a pu revenir en Italie avec sa fille.
En mai 2014, au tribunal fédéral de Los Angeles (Californie), la ville d’Almaty a lancé sa première procédure judiciaire aux États-Unis contre Viktor et Leïla Khrapunov, leur fils Illiyas et son épouse Madina Abliazova, ainsi que contre la fille des Khrapunov Elvira et l’épouse de celle-ci.
La deuxième procédure judiciaire a été lancée par la République du Kazakhstan contre Illiyas Khrapunov et l’opposant politique Mouratbek Ketebaev.
La troisième procédure judiciaire a été lancée à New York par la banque kazakhstanaise BTA et la ville d’Almaty contre l’« association de malfaiteurs » d’Abliazov et l’« association de malfaiteurs » des Khrapunov.
Le 19 juin 2014, la Suisse a une nouvelle fois rejeté l’extradition de Viktor et Leïla Khrapunov demandée par le Kazakhstan.
Le 30 juillet 2014, la Cour de cassation italienne a reconnu illégale l’expulsion au Kazakhstan d’Alma Chalabaeva, l’épouse de l’opposant politique kazakhstanais et ancien président de la banque BTA Moukhtar Abliazov.
Le 18 avril 2014, l’Italie a accordé le statut de réfugiée à Alma Chalabaeva, l’épouse de l’ancien président de la banque BTA Moukhtar Abliazov.
Le 18 décembre 2014, le ministère de l’Intérieur de la République tchèque a décidé d’accorder une protection internationale à Tatiana Paraskevitch.
En 2014, Jaksylyk Jarimbetov et Roman Solodtchenko, deux collègues de l’opposant politique kazakhstanais et banquier Moukhtar Abliazov, ont tous deux obtenu le statut de réfugié à Londres.
Le 25 février 2015, la Cour suprême espagnole a accordé l’asile politique au Kazakhstanais Alexandre Pavlov, ex-chef du service de protection de l’émigré politique Moukhtar Abliazov, ancien président de la banque BTA. En outre, la Cour a annulé la décision d’extrader Pavlov au Kazakhstan.
En décembre 2015, l’Akimat (mairie) de la ville d’Almaty et son avocat Me Christophe Emonet ont déposé des plaintes au civil injustifiées à l’encontre de 11 membres de la famille Khrapunov résidant en Suisse. Chacun d’entre eux a été personnellement accusé de crimes économiques, y compris les parents de Leïla Khrapunova, âgés de 87 et 77 ans.
Le 9 décembre 2016, l’opposant politique et homme d’affaires kazakhstanais Moukhtar Abliazov a été remis en liberté après trois ans d’emprisonnement en France.
Le 9 décembre 2016, le Conseil d’État français a rejeté la demande d’extradition visant Moukhtar Abliazov, reconnaissant son caractère politique et tenant compte de l’asile politique accordé à Abliazov au Royaume-Uni et des pressions exercées par les autorités du Kazakhstan. Le Conseil d’État a indiqué que les poursuites pénales visant Abliazov, qui bénéficie du statut de réfugié politique, sont liées à ses positions politiques. Le Conseil d’État a souligné que le Kazakhstan avait fait pression sur les autorités ukrainiennes et russes afin que celles-ci demandent l’extradition d’Abliazov. Il a également remarqué que la Russie et le Kazakhstan avaient coordonné leurs actions concernant la demande d’extradition déposée par la Russie.
Une plainte principale est actuellement en cours d’examen à Londres, ainsi que plusieurs dossiers secondaires.
Une plainte au pénal déposée par le Kazakhstan pour hacking est actuellement examinée en Ukraine.
Il n’y a pas d’informations officielles sur les accusations en Russie.
Il est important de souligner que, à ce jour, une seule question a été examinée lors des procès tenus aux États-Unis et à Londres : celle de la juridiction compétente pour juger les Khrapunov. C’est-à-dire que les tribunaux de ces pays examinent uniquement la question de savoir s’ils doivent ou non traiter les plaintes déposées par la ville d’Almaty et la République de Kazakhstan.
Quand les autorités kazakhstanaises se voient refuser l’extradition des opposants à l’inamovible président Nazarbaev qui se sont réfugiés à l’étranger, elles harcèlent leurs victimes en multipliant les procédures judiciaires à leur encontre. Leur but est que ces procédures n’aboutissent jamais à des jugements sur le fond des accusations fantaisistes qu’elles formulent car, si ces procès allaient jusqu’à leur terme, la corruption de Noursoultan Nazarbaev lui-même et de sa famille risquerait fort d’être exposée au grand jour. À cet égard, n’oublions pas les circonstances étranges de la mort de Rakhat Aliev dans une prison autrichienne peu avant son procès.