L’appel à la France de la fille de l’opposant Kazakh
«Mon père est en grave danger. J’espère que la France prendra en compte la question du respect des droits de l’homme dans son dossier.» Sur son beau visage se devinent tour à tour l’angoisse, la colère et une forte détermination. Madina Ablyazov, 25 ans, fille du principal opposant au dictateur du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaev, a lance hier à Paris cet appel solennel. Car son père, Mukhtar Ablyazov, 50 ans, exilé politique en séjour en France, a été interpellé la semaine dernière dans la région de Cannes, puis incarcéré à Aix-en-Provence, sur la base d’un mandat d’arrêt délivré par les autorités ukrainiennes.
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L’étau se resserre autour de cet ancient homme d’affaires dissident, contraint à l’exil avec sa famille depuis 2009 et la nationalisation de la banque privée qu’il dirigeait. En mai, rappelle Madina, qui réside en Suisse, sa mère et sa petite soeur de 6 ans ont été expulsées depuis l’Italie vers le Kazakhstan « après avoir été kidnappées et illégalement transportées en jet privé ! ». L’événement, dénoncé par les Nations unies, a provoqué une grave crise politique à Rome.
“Il risque d’être victime de torture et d’un procès inique” Amnesty International
L’Ukraine invoque des faits d’«escroquerie» et de « faux documents ».
« Il n’y a aucune autre précision à cette requête, qui date d’ailleurs de 2011 », souligne l’avocat d’Ablyazov, Me Bruno Rebstock, qui a déposé une demande de remise en liberté qui sera examinée fin août par la cour d’appel d’Aix. Pour ce conseil comme pour l’avocat des enfants, Me Peter Sahlas, « la demande de l’Ukraine, cheval de Troie du Kazakhstan, n’est qu’un prétexte fallacieux pour le remettre» entre lesmains du dictateur. Amnesty International ne dit pas autre chose : « Il ne faut pas que [la France] se charge des basses besognes du Kazakhstan », où Ablyazov « risque d’être victime de torture et d’un procès inique ».
Au Royaume-Uni, où Ablyazov avait obtenu le statut de réfugié politique, les autorités kazakhes « avaient utilisé l’arme de l’argent » à son encontre, souligneMe Sahlas. Elles l’avaient d’abord accusé de détournement de fonds avant de lui imputer les dettes de l’établissement.
« Or, ce passif de 5 Mds$ (NDLR : 3,7 Mds€) a été causé précisément par la nationalisation subite et illegal d’une banque qui lui appartenait à 80%. On le présente donc à tort comme un escroc ! » « Mon père n’a jamais eu l’occasion de prouver son innocence, rappelle Madina Ablyazov. J’espère que la France le lui permettra. »